samedi 29 mai 2010

RV Pyramide

Scène de crime

Je me souvenais du jour où l'apprenti avait eu le doigt pris dans le ruban de la grande scie mécanique. Tout le morceau avait sauté d'un coup, deux phalanges par terre, le gamin gueulait en se tenant la main, et le sang jaillissait à la racine, chaque battement de cœur giclait tout rouge dans la poussière. Je m'étais dit « toi mon petit t'as trop reluqué la patronne au lieu de contrôler ta scie. » A croire qu'elle le faisait exprès, de se tenir comme ça en biais dans l'atelier, accoudée à un établi, la main posée sur le col d'un outil, le genou appuyé contre une pièce en suspens, ou la taille courbée comme une arche de fenêtre au ponçage. Ça va bien pour un visiteur désœuvré comme moi, qui se laisse pas distraire de ses rêves, ou un blasé comme Miguet, tout à son ouvrage et à la satisfaction du client, mais avec un jeune qui doit tout apprendre et qui veut tout découvrir, un qui arrive pas encore à trier, là, pas de doute, c'est un crime.


(chapitre 3, à suivre)

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